Jean Fautrier, My Fair Lady, 1956
Jean Fautrier My Fair Lady, 1956
Huile sur papier, marouflé sur toile 89,5 x 116 cm

Legs Jacqueline Delubac, 1997   © ADAGP, Paris 2014 © Lyon MBA / Photo RMN- René-Gabriel Ojéda


 
Jean Fautrier

My Fair Lady, 1956

À vous de voir

 
1Observez ce tableau et décrivez les éléments plastiques qui le composent. Comment sont-ils appliqués ?
2Quels éléments le peintre met-il en avant ?
Que contribuent-ils à évoquer ?
3Peut-on parler d’une peinture abstraite ?
4À quoi le titre fait-il allusion ?
Quels sont les éléments de l’œuvre qui permettent de le comprendre ?

L’œuvre

Sur un papier marouflé, Jean Fautrier détermine un champ avec un enduit épais composé de blanc d’Espagne et de colle, qu’il travaille à l’aide d’une spatule. Cette matière grumeleuse, nommée haute pâte est teintée de rose et de bleu pâles, évoquant ainsi le corps de la femme, ses formes, sa chair et ses artifices. Renforcée par un graphisme léger et allusif, elle définit une forme courbe, au sein de l’œuvre. Éclairant cette subtile tension entre description et suggestion, le titre de la composition est emprunté au jazz et au music hall, comme le fait souvent l’artiste. Il peut ici renvoyer à la comédie musicale créée la même année et qui reprend la trame du Pygmalion de Bernard Shaw.

My Fair Lady, appartient à une série de nus, réalisée par l’artiste de 1954 à 1956.

L’artiste

Jean Fautrier (Paris, 1898 - Châtenay-Malabry, 1964), artiste français.
C’est à l’âge de quatorze ans que Fautrier est admis à la Royal Academy de Londres, où il vit avec sa mère depuis 1908. Il y découvre l’œuvre de Turner, à la Tate Gallery. Suite à sa mobilisation en 1917, il rentre en France. Gazé et blessé à l’œil l’année suivante, il est réformé en 1920.

Après la guerre, il s’installe à Paris. À partir de 1922, il exécute portraits, nus féminins, paysages et natures mortes au réalisme inquiétant, qu’il travaille à l’aide de couleurs sombres. Au cours des années 1930, Jean Fautrier cesse de peindre. Ce n’est qu’en 1940 qu’il reprend sa production, privilégiant un travail sur la matière qui témoigne de son expérience de la Seconde Guerre mondiale.

En 1945, il présente à Paris la série des Otages, œuvres peintes entre 1942 et 1943 sous le choc de plusieurs exécutions dont il a été le témoin. Pour exprimer ce qu’il considère comme infigurable, Jean Fautrier expérimente avec cette série une technique nouvelle, travaillant la matière par couches épaisses de blanc d’Espagne, d’huile et de colle. S’opposant au concept d’une peinture « informelle », le peintre exécute dans les années 1950 des séries de peintures aux sujets identifiables comme celle des Nus de 1956, dont les titres sont empruntés au jazz et au music-hall, et à laquelle se rattache My Fair Lady.

En 1951, le critique Michel Tapié qualifie d’art informel l’art de Jean Fautrier et son travail sur les hautes pâtes.

L’artiste exprime cependant en plusieurs occasions sa perplexité vis-à-vis de cette qualification, allant même jusqu’à mettre en doute la réalité d’un art « informel » spécifiquement moderne.

L'œuvre dans son contexte

1953Mort de Staline.
1954Premiers monochromes bleus de Yves Klein.
1954 – 1962Guerre d’Algérie.
1956
Jean FautrierMy Fair Lady, 1956