Jean Dubuffet, Paysage blond, 1952
Jean Dubuffet Paysage blond, 1952
Huile sur isorel 114 x 156 cm

Acquis de l'artiste, 1956   © ADAGP, Paris 2014 © Lyon MBA / Photo RMN- René-Gabriel Ojéda


 
Jean Dubuffet

Paysage blond, 1952

À vous de voir

 
1Observez le tableau et décrivez ce que vous voyez.
Notez ce que cette œuvre vous inspire.
2Quels éléments de l'œuvre renvoient à son titre ?
3Comment s’organise l’espace représenté ?
Peut-on évaluer ses dimensions et ses limites ?
4Regardez la toile en détail.
Comment l'artiste a-t-il apposé sa peinture (outils, gestes, etc.) ?
5Dans de nombreux écrits, Jean Dubuffet dit considèrer l’aventure et le hasard comme des partenaires. En quoi ce tableau est-il une mise en œuvre de cette démarche ?

L’œuvre

Réalisé dans une matière très épaisse composée d’un mélange de plâtre, de sable et de peinture à l’huile, le tableau présente une surface heurtée au sein de laquelle se laisse deviner le geste de l’artiste : la matière y est largement étalée, retravaillée, voire sculptée au couteau de chantier ou à la spatule. Si couleur et matière peuvent évoquer sols et terres, elles peuvent aussi inspirer au spectateur une multitude d’images.

Jean Dubuffet se joue aussi des incertitudes d’échelle et de repère. La présence dans la partie supérieure d’une surface de peinture plus claire, réalisée dans une matière faiblement chargée en sable, introduit une différence de densité mais aussi de coloris. Cette disparité peut suggérer tout à la fois la démarcation d’un horizon ou la coupe verticale d’un matériau.
Par l’absence de tout élément figuratif, Paysage blond présente un caractère équivoque recherché par l’artiste. Ici, matière, couleurs et titre participent, comme le remarque Jean Dubuffet, à « accentuer le caractère normal et familier de certains éléments » et à « lancer d’autres éléments, dans un monde de fantasmagorique irréalité, en les dotant d’une vie inconnue, empruntée à d’autres mondes que le nôtre».
Paysage blond est le premier tableau de l’artiste à être entré au sein d’une collection publique française en 1956. Il appartient à la série intitulée Paysages du mental, inspirée par plusieurs séjours effectués par l’artiste au Sahara entre 1947 et 1949.

Description du tableauExtrait de l'audioguide des collections

Comment le musée a été la première institution française à acquérir une œuvre de l'artiste ?Extrait de l’audioguide des collections

Extrait de «L'homme du commun à l'ouvrage» de DubuffetExtrait de l’audioguide des collections

L’artiste

Jean Dubuffet (Le Havre, 1901 – Paris, 1985), artiste français.
Dès 1917, Jean Dubuffet fréquente l’École des beaux-arts de sa ville natale, puis en 1918 s’inscrit à l’Académie Julian à Paris. En 1924, il connaît une période de doute qui le conduit à interrompre sa formation artistique. Après avoir rejoint l’entreprise de son père, négociant en vins au Havre, il crée sa propre société. Ce n’est qu’à partir de 1942, qu’il décide de se consacrer exclusivement à la peinture. Il s’oriente alors vers une figuration qui se réclame d’un art primitif, populaire, enfantin ou encore de celui des malades mentaux. Ce faisant, il cherche à rompre avec la tradition artistique en vigueur et lutte contre l’« asphyxiante culture », titre de l’ouvrage qu’il publie en 1968. S’éloignant volontairement de tout savoir-faire et revendiquant une pratique « indemne de toute culture », sa démarche le conduit à expérimenter diverses techniques. Jean Dubuffet introduit alors dans sa peinture des matériaux insolites et variés (sable, étoupe, gravillons, poussière d’atelier…) jusqu’à l’obtention d’une texture épaisse, qu’il « triture » avec différents instruments.

À partir de 1945, Jean Dubuffet définit le concept d’art brut, dont il devient l’un des principaux représentants et crée en 1948 la Compagnie de l’art brut. Tout en ayant une importante activité d’écrivain, il mène de nouvelles recherches artistiques au style renouvelé qu’il baptise souvent de noms poétiques et humoristiques.

Cette pratique le rapproche du mouvement surréaliste et notamment d’André Breton, avec lequel il entame des échanges passionnés au sujet de l’art brut. À partir de 1949, Jean Dubuffet connaît un certain succès aux États-Unis. Il y fait la connaissance, quelques années plus tard, de  Jackson Pollock, Marcel Duchamp et Yves Tanguy. Dans les années 1960, il entreprend des expériences musicales en collaboration avec Asger Jorn du groupe CoBrA. Une grande rétrospective au Museum of Modern Art de New York signe sa consécration en 1962. En 1971, Jean Dubuffet décide de créer une fondation, à laquelle il léguera ses archives et un nombre important d’œuvres à sa mort en 1982.

L'œuvre dans son contexte

1947Décolonisation de l’Empire des Indes britanniques.
1949Proclamation de la Chine Populaire par Mao Zedong.
1950Jackson Pollock, artiste représentatif de l’action painting, peint « One : Numero 31″.
1952
Jean DubuffetPaysage blond, 1952