Étienne-Martin, Pietà, 1944
Étienne-Martin Pietà, 1944
Bois de tilleul 115 x 55 x 40 cm

Acquis en 2008   © ADAGP, Paris 2014 © Lyon MBA / Photo Alain Basset


 
Étienne-Martin

Pietà, 1944

À vous de voir

 
1Observez ce groupe sculpté et plus particulièrement la pose et les détails anatomiques du corps dénudé.
Que suggère cette scène ?
2À quelle représentation traditionnelle de l’art occidental se rattache le titre de l’œuvre ?
3D’après la date de réalisation de cette sculpture, comment pouvez-vous expliquer le choix du sujet ?
4À partir de certains détails et de la technique utilisée, quelles ont été les autres sources d’inspiration de l’artiste ?
5En quoi cette œuvre est-elle caractéristique de l’évolution de l’art au XXe siècle ?

L’œuvre

La Pietà présente, dans un bois d’olivier, deux figures étroitement liées qui reprennent l’iconographie chrétienne de la Vierge Marie en Mater dolorosa, pleurant la dépouille de son enfant, Jésus Christ, après sa descente de croix. Le corps de ce dernier est ici dressé à la verticale pour donner pleinement à voir les stigmates de son martyre, c’est-à-dire les plaies de la Crucifixion. Les côtes saillantes du Christ et les membres amaigris des personnages participent à l’expression de la douleur extrême qui émane de cette scène. Associée à des sources formelles océaniennes, perceptibles dans les traits des visages, cette représentation rend compte de l’universalité et l’intemporalité de la souffrance. Loin de n’être qu’un simple témoignage de la quête de primitivisme de l’artiste, elle trouve aussi un écho singulier dans son contexte de création, traversé par la Seconde Guerre mondiale.

Description de l'œuvreExtrait de l'audioguide des collections

L’artiste

Étienne-Martin, Étienne Martin dit (Loriol, 1913 - Paris, 1995), sculpteur français.
Étudiant en classe de sculpture à l’École des Beaux-Arts de Lyon de 1929 à 1933, Étienne-Martin gagne Paris en 1934 pour compléter sa formation. Il travaille dans l’atelier de Charles Marfray à l’Académie Ranson où il se lie avec les peintres tels que Roger BissièreJean Le MoalAlfred Manessier et le sculpteur François Stahly. Travaillant principalement la terre et le plâtre, il réalise La Sauterelle (1933), une de ses rares sculptures représentant une silhouette féminine en pied.
En 1936, il participe aux côtés de Marcel Michaud à la fondation du groupe Témoignage. Composé d’écrivains, de musiciens mais aussi de peintres et de sculpteurs, ce rassemblement d’artistes a joué un rôle essentiel sur la scène artistique lyonnaise. Fait prisonnier en 1940 et interné en Allemagne, Étienne-Martin est libéré en 1941. Il rejoint alors une communauté artistique installée à Oppède, près d’Avignon, chargée de la reconstruction des villages abandonnés de la région. Il s’installe par la suite à Mortagne-au-Perche (Orne) entre 1944 et 1947 et privilégie l’assemblage de matériaux trouvés ainsi que la taille directe du bois, matériau qu’il affectionne tout au long de sa carrière. À partir des années 1950, le souvenir de sa maison natale devient une préoccupation majeure qu’il évoque à travers les Demeures qu’il entreprend jusqu’en 1984 et pour lesquelles il utilise diverses matières.
Au cours des années 1960, Étienne-Martin est reconnu comme un sculpteur majeur de l’art du XXe siècle. Il reçoit alors un certain nombre de distinctions et prix dont, en 1966 le Grand Prix international de sculpture de la Biennale de Venise.
De 1968 à 1983, il est professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris pour la sculpture monumentale. En 1984, une exposition de l’ensemble de ses Demeures est présentée au Centre Pompidou à Paris puis, en 1996, à la Fondation de Coubertin (Saint-Rémy lès Chevreuse, Yvelines). En 2011, la première rétrospective de l’artiste est présentée au musée des Beaux-Arts de Lyon.

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L'œuvre dans son contexte

1940Campagne de France qui s’achève avec l’armistice demandé par le Maréchal Pétain.
1941 (7-8 décembre)Attaque aérienne japonaise sur Pearl Harbor et entrée en guerre des États-Unis.
1941 – 1942 (20 janvier) Conférence de Wannsee : adoption et mise en place de la « Solution finale de la question juive en Europe » par l’Allemagne nazie.
1944
Étienne-MartinPietà, 1944